Wo-Man made object

Art dans les chapelles - Pontivy, 2023

J’aimerais l’adoucir, la ralentir - sa vitesse m’effraie, ces automatismes hypnotisent
J’aimerais l’imprégner de poésie
Lui reconnaître un souffle.
L’extraire de son monde capitalistique, gestionnaire et administratif.
Lui redonner corps, l’ouvrir et l’aéré
La débarrasser de sa coquille, détacher sa carapace, supprimer sa carrosserie
Lui retirer toutes velléités viriliste
Je voudrais comprendre sa genèse et sa filiation génétique à la manière de Simondon.
Redéfinir les relations qu’elle entretient avec son environnement
Enfin, reconnaître son biomimétisme et y introduire beaucoup d’écologie.

Wo-Man Made Object est une réflexion sur la fascination des objets techniques. C’est un projet qui interroge les relations que nous entretenons avec nos « organes artificiels » : ces interfaces qui sont des extensions de nos corps vivant et qui modifie notre rapport au monde. 
Ce que je tente de faire, c’est de projeter sur les machines l’idée du vivant pour y introduire des considérations biologiques. Un projet qui semble aporétique, car mes sculptures sont inertes, muettes, immobiles et géométriques.
Pourtant, je remarque que la question de notre milieu technique est souvent méprisée, voir reléguée. Comme si elle n’avait aucun intérêt. Comme si nous voulions encore défendre la séparation du corps et de l’esprit – l’intellectuelle et le manuelle ; évacuer la matière de sa saleté, de sa poussière ; les matériaux de leurs lourdeurs ; le bruit, du travail. Comme si nos objets technique et industriels contemporains tombaient du ciel, solides et magiques, ainsi que la voiture Citroën DS de Barthes dans ces Mythologies : cette cathédrale « lisse, sans jointure et divine ». Dans ce contexte particulier, il est donc aussi question de sacré.

En 2020, on apprenait dans un article paru dans Nature, que le poids de la matière artificiel avait dépasser celui de la bio-masse.
Qui croit encore à la dématérialisation du monde ? Le monde que nous habitons n’a jamais été aussi matériel. Je m’intéresse à cette question de la technique, car je m’intéresse à ceux qui la pratique, aux ouvriers, aux ingénieurs, techniciens et travailleurs de l’industrie ; aux artisans et à leurs savoirs-faire ; aux outils et aux robots machines. Les questions des modalités de production des objets m’intéresse, ainsi que l’organisation et l’économie qui les concerne.
Le projet Wo-Man Made Object est traversé par ces questions.