Félix Pinquier

L’objet du silence ou l’inversion du problème, 2019

L’objet du silence ou l’inversion du problème.

Je ne cherche pas à fabriquer des objets acoustiques.
Je ne cherche pas à produire des illustrations musicales.
Je ne cherche pas non plus à établir un système de correspondances sonores.

En fait, je ne cherche pas à associer d’une part des sons et d’autres part des objets.
Je cherche à penser le son par son contraire.
Sa présence par son absence.

Aussi, mes objets sont silencieux.
Tenter de représenter le son par un objet ou une image silencieuse est toujours une sorte
d’échec. Car le son est immatériel, et l’évocation du son par la vue exclura toujours l’ouïe.
Autrement dit, un objet ou une image qui tente de représenter une sonorité devient involontairement la représentation de son absence.

Le paysage construit est comme une partition. Les objets sont des énigmes sensorielles.
Ils sont comme des notations qui n’ont pas d’équivalence.
Les formes, les matières et les volumes sont lisibles mais leur hypothèse sonore est insaisissable.Il ne reste que les éléments concrets et organisés.
La lecture du paysage est bloquée parce que le mouvement est arrêté.
Les formes sont solidifiées.

Pourtant, roulements, craquements, battements, accents, alternances, échos et réverbérations émanent de cet ensemble.

La tension, l’instabilité, la mobilité des formes combinatoires et associatives m’intéressent.
Il émerge une dimension susceptible de décrire le silence.

Les objets étendent leur pouvoir d’évocation.

Les images mentales se font.

Une nouvelle sphère de perception apparaît.

Félix Pinquier | 2010
L’objet du silence ou l’inversion du problème.
Texte pour l’exposition Relâche, Ecole des Beaux Arts de Paris.